Association Zéro de Conduite à Rennes : le Solo des Daronnes
Le Solo des Daronnes : un sujet d’actualité
Ce mercredi 10 juillet nous étions de passage à Rennes, dans le quartier Maurepas sur la place du Gros Chêne, pour le projet « Le Solo des Daronnes », mené par l’association Zéro de Conduite.
Le Solo des Daronnes est un projet qui vise à mettre en lumière les trajectoires de femmes élevant seules leurs enfants. Le projet est mené en plusieurs étapes, tout au long de cette année 2024. A l’arrivée, un film réalisé collectivement à partir des témoignages des femmes, par des jeunes et des habitants des quartiers.
Pourquoi ce sujet ?
« Partant du constat qu’elles sont souvent très occupées et que de ce fait, on entend assez peu leur parole, nous souhaitons questionner leurs places dans le monde actuel, leurs solitudes, leurs solidarités autant que nos imaginaires collectifs. La semaine de caravane est l’occasion de venir témoigner autour de ce vaste et réjouissant sujet et de repartir avec un portrait photographique développé sur place, dans le laboratoire argentique de la caravane. «
La place du Gros Chêne à Maurepas, un lieu pour les jeunes et les habitants
Cet après-midi-là, Estelle Ribeyre et Lucie Rivoalen, artistes et membres de Zéro de Conduite, ont installé deux ateliers : l’atelier photolangage, pour faire parler jeunes et habitants autour de la thématique des mères, et un atelier de photographie au sténopé. Blue, Amadou, Ayad, Mina, Souyifdine, sont des jeunes accompagné*es par les formateur*ices de PRISME. Ils/elles se croisent avec les habitant*es et les passant*es du quartier, tout au long de la journée. Autour des images proposées sur la table, la parole est d’abord difficile – mais le sujet concerne tout le monde donc les jeunes finissent par s’exprimer, tout en retenue, acceptant finalement pour certain*es d’enregistrer leur témoignage pour que le son soit intégré dans le film final.
Interview d’Estelle Ribeyre
(Source : Compte Instagram Quartiers Nord Est de Rennes)
Zéro de Conduite est une association qui existe depuis 2008 à Rennes, la majorité de son action c’est de faire des ateliers avec les jeunes et les habitants, et de faire des productions collectives autour de l’audiovisuel : des films, des créations sonores, des photographies, des journaux, tout ce qui existe autour de l’image fixe ou animée, et du son.
Nous mettons l’accent sur la transmission des savoirs, le principe est que les participants s’emparent vraiment des outils et manipulent. Nous ne faisons spas à leur place. Le projet Solo des Daronnes est un projet en plusieurs étapes. Nous sommes d’abord allés interviewer des mamans, en intimité, sur la durée. Ensuite, des jeunes vont aller imaginer et filmer des images par-dessus le son. Une autre étape est la présence de la caravane dans l’espace public, qui permet de faire participer les habitants, les passants, pour que tout le monde puisse parler autour de ce sujet. Deux ateliers y sont proposés : un atelier photolangage ; les personnes doivent choisir une image qui évoque le quotidien d’une maman solo. Cela permet de débloquer la parole, soit en groupe, soit en tête à tête. A chaque fois on s’adapte, c’est le principe de l’intervention dans l’espace public. Ensuite on fait un portrait photo en argentique des participants, à l’ancienne. Les participants peuvent prendre une photo, se faire photographier puis suivre tout le processus de développement dans le laboratoire que nous avons installé dans la caravane. Cette matière va s’intégrer dans le film, en parallèle des interviews des femmes. Le projet court jusqu’à la fin de l’année 2024 puisque la diffusion est prévue en décembre, sur les quartiers de Bréquigny et Maurepas.
Interview de Mathilde Magniez, formatrice à Prisme (https://prisme.bzh/)
« Prisme est un organisme de formation qui encadre une dizaine de dispositifs. Les jeunes qui participent au projet « Le Solo des Daronnes » suivent le dispositif « Parcours + » qui consiste en un accompagnement au projet professionnel et un soutien dans les démarches d’accès au logement. Les jeunes concernés ont tous et toutes un problème de logement. Leur parcours de vie peut être lié à la migration, l’exclusion du fait de leur genre, la sortie de l’ASE (Aide Sociale à l’enfance). Tous et toutes ont des problèmes de scolarité. L’objectif du stage est de les accompagner vers un projet professionnel, et de les intégrer dans un parcours qui implique des rythmes, le respect d’un planning, la nécessité d’évoluer en groupe avec des contraintes sociales. Le projet proposé par Zéro de Conduite leur permet d’être en contact avec d’autres personnes qui ne connaissent rien de leur parcours. Cela leur permet de découvrir d’autres métiers, de valoriser leurs compétences et affiner leurs préférences personnelles. L’utilisation de l’image dans ce projet est primordiale car elle fait écho à leur utilisation des réseaux sociaux. Là, on est à l’opposé de la consommation puisque les jeunes expérimentent qu’il faut 2 heure de préparation pour développer une seule photo de 4cm sur 5. Il y a un aspect à la fois ludique, magique et concret qui leur plaît beaucoup. »
Article : L. Dabosville, coordination régionale Passeurs d’images. Le 10/07/2024