Passeurs d’Images en parcours au festival Travelling

Chaque année la coordination régionale Passeurs d’Images en Bretagne propose aux structures et à leurs jeunes de participer à un parcours en festival. En ce mois de février 2020, nous inaugurions un nouveau partenariat avec le festival Travelling de Rennes, après plusieurs années passées à Angers au Festival Premiers Plans.

Ce sont donc 21 jeunes et 7 adultes qui se mobilisent pour un week-end à la fois très dense et varié. Venus de Lorient, Saint-Malo et Brest, les jeunes sont accompagné*es soit par l’association J’ai vu un Documentaire en partenariat avec le centre social du quartier de Kervénanec pour Lorient, l’association Coef 180 pour Saint-Malo et les Maisons pour Tous des quartiers de Lambezellec et Kérinou pour Brest. Les jeunes ont de 13 à 17 ans. Le programme a été composé en lien avec l’équipe de Clair Obscur, qui organise le festival. Il alterne, sur les temps impartis, entre des propositions de concert et ciné-concerts, d’atelier, et bien sûr les projections du week-end avec cette année une thématique sur le Liban.

La première soirée de clips de la scène rennaise, au bar du Liberté, plonge nos jeunes dans une ambiance inhabituelle et pour le moins éloignée de leurs repères. Après cette première prise de contact avec ce haut lieu de la culture rennaise, nous rentrons à l’auberge et nous efforçons de préparer le groupe à une nuit suffisamment reposante, malgré l’énervement du voyage et du week-end qui nous attend. Le samedi matin démarre très fort avec une projection de Taste of Cement de Ziad Kalthoum. Ce film documentaire retrace la vie quotidienne des ouvriers syriens au Liban. Travaillant dans des conditions inhumaines, privés de tous leurs droits, ils assistent à distance et par écrans interposés à la destructions de leurs propres maisons dans leur pays d’origine. La projection est suivie d’une interview filmée du réalisateur, qui n’a pas pu se déplacer à Rennes. Il apporte des éclairages passionnants sur les conditions de tournage et les choix formels audacieux de son film. C’est une rencontre plutôt âpre pour notre groupe, mais, contre toute attente, les jeunes s’avèrent touchés par le film et le sujet abordé. La journée se poursuit dans un rythme plutôt dense, il faut gérer les groupes, les pauses repas. Le temps de respiration prévu en centre-ville se trouve bouleversé par une manifestation qui dégénère, les affrontements avec la police provoquant la fermeture de nombreuses devantures pour plusieurs heures. Adieu, shopping…

Lors de la projection des courts métrages en compétition, c’est le film Le chant d’Ahmed de Foued Mansour qui remporte l’adhésion du groupe. Nous devons malheureusement partir avant la rencontre avec Sébastien Laudenbach, réalisateur de La jeune fille sans mains, pour courir vers la prochaine séance. C’est dommage, car là encore, la forme inhabituelle de ce magnifique long-métrage d’animation attise la curiosité des jeunes. Nous voilà rendus à l’Opéra de Rennes pour un ciné-concert plutôt décalé autour de Dark Star de John Carpenter. à mi-chemin entre 2001, l’odyssée de l’espace et Alien, le huitième passager, le premier long-métrage du réalisateur oscille entre parodie et film visionnaire.

La mise en musique avec une panoplie impressionnante d’instrument fort vintage détonne dans le théâtre à l’italienne rennais. Nous voilà arrivés au comble du dépaysement pour la majorité du groupe. L’architecture du lieu impressionne, l’humour potache de Carpenter, en revanche, passe littéralement à des années-lumières des plus jeunes d’entre nous. La soirée est malgré tout appréciée car le groupe apprécie visiblement toutes les découvertes proposées et les animateurs et animatrice qui les accompagnent sont disponibles pour échanger après chaque expérience, dans les temps informels.

Dernière nuit à Rennes avant une projection mémorable de Seule avec la guerre de Danielle Arbid. La réalisatrice franco-libanaise explique « vouloir montrer à quel point, après cette guerre, nos vies restent gangrenées par la guerre. Comme un jeu de piste, ce film se veut le témoignage d’une quête personnelle, d’un mouvement d’attirance et de répulsion pour mon pays et pour son histoire macabre ». Notre groupe emplit presque de moitié la petite salle du TNB ce matin-là, et les jeunes posent de nombreuses questions à la réalisatrice à l’issue de la projection. Le sujet est difficile mais ils sont touchés, deux d’entre eux/elles me disent que cela aura été leur film préféré. Décidément, nos jeunes sont épatant*es.

Après un pique-nique dans le cadre somptueux du bar du Liberté, nous bénéficions d’un atelier de grattage sur pellicule avec l’inénarrable Bruno Bouchard, cinéaste, collectionneur passionné, et bricoleur d’ateliers faits de bouts de pellicule et de projecteurs d’époque… Un peu de travail manuel fait du bien à tout le monde après un week-end riche en rencontres et en chocs d’images et de cultures. Il faut que toutes ces expériences mûrissent et reposent, la plupart des groupes ont prévu d’organiser un « débriefing » ultérieur. Affaire à suivre…

Captation du résultat de l’atelier grattage et peinture sur pellicule

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